Je suis née à Athenes et j’y ai grandi. Depuis l’enfance, j’ai toujours entretenue une relation très particulière avec mes crayons : petite je les considérais déjà comme mes meilleurs amis. Je passais mon temps à crayonner de drôles de personnages.

Aujourd’hui encore, ils font partie de ma vie et me permettent de m’exprimer sereinement et paisiblement. J’étais jeune adulte lorsque j’ai emménagé en Macédoine. C’est là, au sein de la fondation Maximio (μάξιμιο Ίδρυμα) que j’ai peint mes premiers croquis iconographiques. Ce fut d’abord une façon d’occuper mes journées, jusqu’au jour où mon oncle m’a pris sous son aile. C’était un homme remarquable et insolite, qui n’est autre qu’un moine du Mont Athos.

Son art, l’iconographie, lui permettait alors de s’éclipser occasionnellement dans des églises ou des monastères pour la pose de grandes icônes murales. Durant ses excursions, il trouvait toujours du temps pour voir ses frères et ses neveux. C’est comme ça qu’il a fini par m’embarquer dans son univers et m’initier à son art. J’ai eu la chance de l’avoir pour oncle et professeur. Ce fut le parfait mentor. Il m’a enseigné l’art du mélange des pigments aux doigts. Il m’a offert généreusement ses secrets acquis au terme d’une grande et longue expérience.

En travaillant, il pouvait avoir deux facettes, je le revois se retourner pour me parler, avec sa joie de vivre, toujours prêt à rire. C’était quelqu’un de simple et badin, mais dès qu’il s’emparait de son pinceau, il retrouvait sa sérénité, et faisait preuve d’un calme olympien. Il était ailleurs. J’enviais son monde.

C’est la rencontre avec mon mari qui m’a mené quelques années plus tard, à Paris. Et aujourd’hui, c’est dans un petit coin de notre appartement que je retrouve la quiétude que me procure l’iconographie. Je m’attache à mes créations, je leurs parle : « Petite Planche, tu as de la chance, car je vais faire mon possible pour concevoir quelque chose de singulier pour toi».